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Transfert d’argent en Afrique : Catalyseur de croissance durable

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Transfert d’argent en Afrique : Catalyseur de croissance durable

Les transferts d’argent de la diaspora constituent une source essentielle de financement privé, favorisant l’inclusion financière et la croissance durable. Toutefois, les tarifs d’envoi de fonds vers le continent demeurent parmi les plus coûteux au monde, et ce, malgré les innovations apportées par les FinTech.

Tendance des flux de fonds migratoires

En 2023, les envois de fonds vers les pays en développement totalisent 669 milliards USD, avec une hausse prévue de 3,1 % pour l’année suivante. Cette croissance modeste découle d’un ralentissement économique global et de la stagnation des marchés de l’emploi dans plusieurs nations à revenu élevé. Les fluctuations des prix du pétrole, l’instabilité des taux de change et les éventuelles régressions des économies avancées peuvent changer ces prévisions.

Les fonds migratoires en Afrique subsaharienne enregistrent une hausse de 1,9 % en 2023, atteignant 54 milliards USD. Les envois vers le Mozambique, le Rwanda et l’Éthiopie montrent une forte progression, tandis que les transferts vers le Nigeria constituent 38 % du total régional. Les flux vers le Ghana et le Kenya enregistrent respectivement des progressions de 5,6 % et 3,8 %. Les prévisions pour 2024 indiquent une hausse de 2,5 % des remises migratoires vers cette région.

Apport économique des envois de fonds

Les contributions des fonds de la diaspora africaine sont considérables, tant sur le plan social qu’économique. Les transferts visent souvent à couvrir les besoins fondamentaux de leurs proches, tels que les soins de santé, la scolarité et les obligations communautaires. Selon la Banque mondiale, ces fonds constituent l’une des rares sources de financement extérieur privé, avec un potentiel de croissance continue dans la prochaine décennie.

L’économiste Dilip Ratha souligne dans un rapport que les envois de fonds vers les pays en développement dépassent fréquemment les investissements directs étrangers (IDE) et l’aide publique au développement. L’écart entre ces sources de financement ne cesse de se creuser, mettant en lumière l’importance des fonds migratoires pour l’économie et la société de nombreux pays africains.

Comparatifs des tarifs de transfert d’argent

Les tarifs de transferts d’argent internationaux demeurent élevés en raison des frais de transfert, de retrait et des coûts de change. Par exemple, envoyer 200 USD coûte en moyenne 6,2 % de ce montant, au second trimestre 2023. Néanmoins, les institutions traditionnelles se révèlent les plus onéreuses, tandis que les applications mobiles offrent une alternative moins coûteuse. Voici un aperçu des coûts selon les différents prestataires :

  • Banques traditionnelles : coût médian de 12,1 % du montant
  • Bureaux de poste : frais moyens de 7 %
  • Opérateurs de transfert d’argent : commission de 5,3 %
  • Applications mobiles : 4,1 %

La préférence pour les transferts numériques découle de leur accessibilité, de leurs coûts réduits, de leurs procédures simplifiées. Les cryptomonnaies promettent également des transferts plus fluides et des frais de conversion de devises moins élevés que ceux des banques traditionnelles. Cependant, la volatilité, la réglementation et le manque de connaissances limitent encore l’adoption des monnaies numériques pour les envois de fonds en Afrique.

Objectifs de réduction des frais de transfert

Réduire les frais de transfert favorise l’augmentation des envois d’argent. Néanmoins, les coûts de gestion des entreprises rendent l’objectif des frais proches de zéro difficile. En cas de catastrophe, certaines entreprises baissent temporairement ou annulent les frais de transaction, comme observé après le tremblement de terre de 2023 au Maroc.

Cible majeure du développement durable

L’un des objectifs de développement durable (ODD)  des Nations Unies prévoit que d’ici 2030, les frais de transfert de fonds doivent être inférieurs à 3 %. Tandis que les frais totaux d’envoi et de retrait entre deux pays ne doivent pas dépasser 5 %. Certains experts suggèrent que cet objectif devrait même être inférieur à 3 % pour une meilleure accessibilité. Le Fonds monétaire international estime que réaliser cet objectif permettrait d’économiser 32 milliards USD.

Potentiels des émissions d’obligation diaspora

Certaines nations cherchent à attirer les épargnes de la diaspora dans des comptes de dépôt pour non-résidents. Et ce, en dépit de leur volatilité, influencée par les régimes de change. Dans son rapport, Dilip Ratha met en avant l’importance de restaurer des obligations diaspora pour exploiter directement l’épargne des migrants détenue à l’étranger.

Par ailleurs, l’établissement d’une réduction des frais de transfert des migrants peut également diminuer les coûts des prêts internationaux pour les nations en voie de développement. Leur nature contracyclique offre une stabilité supplémentaire. Leur contribution indirecte aux finances publiques renforce l’économie. En conséquence, les envois de fonds des migrants améliorent la notation souveraine d’un pays et sa capacité à rembourser ses dettes.

Obstacles à la réduction des tarifs de transferts d’argent

Réglementations incohérentes

Les frais élevés des transferts de fonds sont en partie dus à des réglementations incohérentes. Selon un dirigeant du groupe Onafriq, une société ne peut pas utiliser une licence unique pour opérer dans plusieurs pays. Même pour les transferts entre pays voisins, les réglementations varient. Par exemple, les transferts entre le Togo et le Bénin sont simplifiés grâce à une monnaie commune.

En revanche, les transferts vers le Ghana, bien que voisins, restent compliqués. De plus, les exigences diffèrent selon le montant à envoyer. Les petits transferts peuvent encore être soumis à une réglementation complexe visant à lutter contre le blanchiment d’argent.

Concurrence et transparence limitées

Les règles contraignantes pour les prestataires de transferts de fonds nécessitent des connaissances techniques, financières et juridiques approfondies, limitant ainsi le nombre d’acteurs dans ce secteur. Avec peu de concurrence, les tarifs sont fixés par un oligopole. Cette situation réduit également la transparence des frais. Les entreprises n’ont pas besoin de divulguer beaucoup d’informations, ce qui peut inclure des affirmations trompeuses sur des transactions.

Accessibilité technologique limitée

Les déficits d’infrastructure limitent l’accès aux innovations numériques, particulièrement dans les zones rurales d’Afrique. Les technologies de base, Internet et la téléphonie mobile, restent inaccessibles pour ceux qui envoient et reçoivent des fonds. De plus, fournir des numéros d’identification fiscale et d’autres documents s’avère difficile pour les personnes en déplacement ou sans pièce d’identité officielle. En Ouganda, les cartes d’identité des réfugiés ne sont pas centralisées, compliquant leur utilisation dans certaines agences de transfert d’argent.

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