L’Afrique rencontre des difficultés à financer ses projets énergétiques et fournir de l’électricité à sa population. Pour résoudre ce problème, l’Organisation des Producteurs de Pétrole Africains (APPO) et la Banque Africaine d’Import-Export (Afreximbank) lancent la Banque Africaine de l’Énergie (AEB), opérationnelle dès le second semestre 2024.
Présentation de l’institution panafricaine
Face à la transition énergétique mondiale, qui favorise les énergies renouvelables, la Banque africaine de l’énergie (AEB) est créée pour fournir progressivement les financements des énergies fossiles en Afrique. Annoncée après la COP 26 et officiellement lancée lors de la 42ᵉ session du Conseil ministériel de l’APPO en mai 2022, l’AEB vise à combler le vide laissé par les institutions occidentales.
Le secrétaire général de l’APPO et le directeur de l’Africa Energy Investment Corporation (AEICORP) négocient avec Afreximbank pour concrétiser ce projet. La signature officielle du lancement de l’AEB se déroule le 3 juin 2024 au Caire. L’Afrique du Sud, l’Algérie, le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Ghana et le Nigeria, rivalisent pour accueillir le siège de cette nouvelle institution.
Structure organisationnelle de la AEB : contributeurs et bénéficiaires
L’AEB dispose d’un capital initial de 5 milliards USD, avec une augmentation rapide prévue de ce montant pour répondre aux besoins croissants du secteur énergétique africain. Les principaux contributeurs sont les pays membres de l’Organisation des Producteurs de Pétrole Africains (APPO) et Afreximbank. Chaque contributeur s’engage à investir 83,33 millions USD. Le Ghana, le Nigeria, et l’Angola ont déjà effectué les premières quotes-parts. Tandis que le Bénin et la Côte d’Ivoire devraient prochainement verser 25 % de leurs contributions respectives.
Les bénéficiaires des services de l’AEB incluent :
- pays ayant ratifié son traité de création
- sociétés nationales dans les domaines des hydrocarbures et de l’énergie
- Toute entité contribuant au développement de l’industrie énergétique dans les pays membres
Objectif : Développement et lutte contre la pauvreté énergétique
La Banque Africaine de l’Énergie (AEB) a pour but principal de pallier la pénurie de financement des projets énergétiques fossiles en Afrique. L’institution vise également à transformer l’industrie des hydrocarbures sur le continent en mettant l’accent sur le marché intérieur. Cette stratégie permet de faire face aux défis posés par la transition énergétique sur les économies africaines.
Nombreux leaders africains soutiennent la création de l’AEB, car leurs économies dépendent largement des énergies fossiles. Le président d’Afreximbank souligne que le continent se trouve dans un dilemme énergétique : malgré les promesses de financement pour les projets verts, les investissements dans les projets fossiles sont négligés. L’AEB sert aussi à équilibrer la réduction des émissions de carbone et l’atténuation des impacts du changement climatique tout en évitant les désordres liés aux difficultés économiques croissantes.
Enjeux et impact sur la transition énergétique en Afrique
L’arrêt du financement des énergies fossiles en Afrique suscite une vive réaction, le qualifiant d’inadéquat pour le continent en retard de développement. Contrairement aux pays occidentaux, le continent ne peut pas abandonner les énergies fossiles, vitales pour de nombreuses économies. Les experts critiquent l’exigence d’abandonner les hydrocarbures, bien que la région africaine ne soit responsable que de moins de 4 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde.
En effet, la région Sud subit une forte pression pour adopter les énergies vertes, alors que plus de 50 % du mix énergétique industriel de l’Union européenne repose toujours sur les ressources fossiles. En outre, l’Europe augmente ses importations de gaz et de charbon africains suite à la perturbation de l’approvisionnement mondial induite par le conflit russo-ukrainien. D’après l’Agence internationale de l’énergie, la demande mondiale de combustibles fossiles atteindra bientôt son apogée.
Concilier la transition énergétique et l’industrialisation du continent
Le Secrétaire général de l’APPO, Dr Omar Farouk Ibrahim, regrette que les préoccupations de l’Afrique au sujet de la transition énergétique se concentrent principalement sur le financement. Les sommes proposées sont dérisoires face aux injustices climatiques subies par le continent, et les promesses de financement tardent à se concrétiser. Pendant ce temps, 900 millions d’Africains n’ont accès à aucune forme d’énergie moderne et plus de 640 millions sont privés d’électricité.
L’Afrique ne devrait pas abandonner ses ressources énergétiques. Avec 125 milliards de barils de pétrole brut prouvés, plus de 650 trillions de pieds cubes de gaz naturel, ces ressources pourraient réduire la pauvreté énergétique. L’APPO, dans le cadre de la création de la AEB, ne s’oppose pas à la transition énergétique ni à la contribution du continent à cette urgence mondiale. L’organisation panafricaine préconise une approche différente pour préserver la stabilité économique.