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Kenya : Droit d’accise de 20 % aux micro-prêteurs

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Kenya : Droit d’accise de 20 % aux micro-prêteurs

Le Kenya instaure une taxe d’accise de 20 % sur les micro-prêteurs, visant à augmenter les recettes fiscales. Cependant, cette mesure génère des inquiétudes dans l’industrie financière, notamment sur le coût du crédit et l’accès aux prêts pour les citoyens.

Impacts de la nouvelle taxe d’accise sur les micro-prêteurs

La mise en place d’une taxe d’accise de 20 % sur les micro-prêteurs au Kenya provoque des remous au sein de l’industrie financière. Le gouvernement kenyan souhaite ainsi accroître ses recettes fiscales, mais cette initiative soulève des préoccupations quant à ses effets sur le coût du crédit et l’accessibilité des prêts pour les citoyens. Selon les experts de l’industrie, les directives concernant cette taxe restent floues, notamment sur l’inclusion ou non des taux d’intérêt dans les « frais » soumis à la taxe.

Incertitudes autour de l’application de la taxe

La proposition de taxe d’accise soulève de nombreuses interrogations. Le projet de loi de finances 2024, déposé devant l’Assemblée nationale, stipule que la taxe s’applique aux « frais » facturés lors du décaissement des prêts. Cependant, il reste à clarifier si les intérêts sur les prêts sont considérés comme des frais réels. Un représentant de l’industrie a indiqué avoir reçu des conseils contradictoires des différentes agences, ce qui crée une confusion notable. Si les taux d’intérêt sont inclus, cela pourrait effectivement augmenter le coût du capital de 20 %.

Comparaison avec la taxe sur les services numériques

La nouvelle taxe sur les micro-prêteurs contraste avec l’engagement du gouvernement pour une faible taxation des services numériques pour les multinationales technologiques. Alors que des pressions internationales poussent le Kenya à revoir cette politique, la taxe d’accise de 20 % sur les micro-prêteurs semble démesurée. Kevin Mutiso, président de la Digital Financial Services Association of Kenya (DFSAK), souligne que cette taxe pourrait rendre l’accès au capital plus difficile, notamment pour les citoyens à faibles revenus.

Contexte économique et fiscal du secteur bancaire

Les banques, tout comme les micro-prêteurs, sont déjà soumises à d’autres taxes. En 2024, ces structures ont commencé à payer la TVA sur les transactions financières. Kevin Mutiso explique que ces charges supplémentaires augmentent le coût de la vie, rendant les services bancaires et financiers plus onéreux. La proposition de taxe s’appliquant au moment du décaissement du prêt, serait due même si le prêt n’est pas remboursé, ajoutant une pression financière supplémentaire sur les micro-prêteurs.

Impact sur les prêts non performants et le marché du microcrédit

Le Kenya connaît des taux de défaut de paiement élevés, avec une augmentation de la valeur des prêts non performants atteignant près de 900 millions USD en 2023, représentant 14,8 % du portefeuille de prêts. Le Hustler Fund, initiative de microcrédit du gouvernement, prévoit des taux de défaut pouvant atteindre 29 %. Cette situation aggrave les inquiétudes sur l’impact de la taxe d’accise, surtout si elle s’applique en cas de défaut de paiement.

Réaction des entrepreneurs de la Fintech et des banques

Les chefs d’entreprises du secteur des technologies financières du Kenya étaient initialement préoccupés par le fait que la taxe ne s’appliquerait pas aux banques, créant une concurrence déloyale. Cependant, il a été confirmé que la taxe concerne également les frais bancaires, mais pas les intérêts.

Cette clarification a apporté un certain soulagement, bien que le secteur reste inquiet des conséquences globales. Un entrepreneur du secteur Fintech a commenté que cette extension de la taxe vise à générer des revenus plus élevés tout en semblant traiter équitablement les Fintech et les micro-prêteurs.

Perspectives économiques et risques sociaux

Wayne Hennessy-Barrett, fondateur et PDG de 4G Capital, soutient que l’augmentation des recettes fiscales est essentielle pour le Kenya, même si la taxe d’accise pourrait faire plus de mal que de bien. Rendre l’accès au capital inabordable pour les Kenyans risquerait de freiner les investissements dans les entreprises locales et, par conséquent, de ralentir la croissance économique.

Taxation dans le secteur numérique et autres mesures fiscales

En parallèle, le Kenya envisage une taxe numérique de 1,5 % sur les plateformes locales, une mesure destinée à lever 2,5 milliards USD d’impôts. La taxe sur le temps d’antenne mobile et les tarifs de données passera de 15 % à 20 %. Les opérateurs de télécommunications, pour compenser cette pression fiscale accrue, pourraient augmenter les frais de transfert et de retrait, poussant les Kenyans à revenir aux transactions en espèces.

La proposition de taxe d’accise de 20 % sur les micro-prêteurs au Kenya reflète une tentative du gouvernement d’augmenter ses recettes fiscales, mais elle suscite des préoccupations majeures. Les directives floues et les impacts potentiels sur le coût du crédit risquent de compliquer l’accès aux prêts pour de nombreux citoyens. Une analyse approfondie et des ajustements seront nécessaires pour équilibrer les objectifs fiscaux et la croissance économique du pays.

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