La Corée du Sud décide d’étendre son aide au développement en Afrique. Ainsi, ce pays poursuivra une coopération plus approfondie avec la région dans les domaines des minéraux et des technologies critiques, a déclaré le Président Yoon Suk Yeol lors d’une réunion avec des dirigeants africains à Séoul.

Augmenter les échanges commerciaux avec l’Afrique

Des représentants de 48 pays africains, dont 25 chefs d’État, participent à ce sommet de deux jours à partir du 4 juin 2024, où les discussions devraient se concentrer sur le commerce et l’investissement. Le commerce avec les pays africains représente actuellement moins de 2 % du total des importations et des exportations de la Corée du Sud.

Les responsables sud-coréens affirment que l’élargissement des liens dans le domaine des minéraux et des ressources contribuerait à améliorer la résilience de la chaîne d’approvisionnement du pays dans des secteurs clés tels que les batteries. Yoon allègue que la Corée du Sud envisage d’étendre ses contributions cumulées d’aide au développement à l’Afrique à environ 10 milliards USD d’ici 2030. Par ailleurs, la Corée du Sud compte fournir séparément 14 milliards USD de financement des exportations pour encourager les investissements sud-coréens dans la région.

Un partenariat avec l’Afrique, qui possède 30 % des réserves mondiales de minéraux essentiels, notamment le chrome, le cobalt et le manganèse, est crucial, a déclaré le bureau de Yoon. « Nous explorerons également des moyens durables de coopération sur des questions directement liées à la croissance future, notamment l’approvisionnement stable en minéraux essentiels et la transformation numérique », précise le Président Yoon. Au passage, la Corée du Sud a déjà signé un accord avec huit pays africains dans le secteur agricole.

Partenariat : La Corée du Sud propose une autre alternative à l’Afrique

Park Jong-dae, ancien Ambassadeur sud-coréen en Afrique du Sud et en Ouganda, affirme que les modèles de développement occidentaux et chinois proposés aux pays africains avaient échoué. Ainsi, la Corée du Sud offrait une voie alternative de coopération intéressante. « L’essence du modèle coréen de coopération au développement est le développement humain et la gestion plutôt que la fourniture d’une assistance en soi », a-t-il déclaré.

La Corée a l’expérience et le savoir-faire en matière de développement. Tandis que de nombreux pays africains ont d’immenses possibilités de développement basées sur des ressources et des dotations encore inexplorées et sur une jeune population dynamique.

Le 5 juin 2024, les chefs d’entreprise sud-coréens organisent un sommet commercial axé sur l’investissement, le développement industriel et la sécurité alimentaire.

L’épineux dossier de la Corée du Nord

L’ouverture de la Corée du Sud à l’Afrique intervient également à un moment où la Corée du Nord tente de plus en plus activement de sortir de son isolement diplomatique. La Corée du Nord essaie de construire une coopération avec les pays africains opposés à la politique étrangère des États-Unis, alors que son dirigeant Kim Jong Un adhère à l’idée d’une « nouvelle guerre froide ». Ces derniers mois, Kim a renforcé la visibilité de ses liens avec la Russie et la Chine et a envoyé une délégation gouvernementale en Iran.

La Corée du Nord entretient également des relations de longue date avec plusieurs pays africains, dont l’Ouganda, le Zimbabwe et le Mozambique. Toutefois, certains gouvernements de la région ont réduit leurs liens avec Pyongyang dans un contexte de sanctions renforcées de l’ONU concernant ses programmes d’armes nucléaires et de missiles. Les experts de l’ONU accusent depuis des années le Nord de générer des revenus illicites en provenance d’Afrique à travers des projets d’infrastructures, des ventes d’armes et d’autres activités.

Yoon exhorte les pays africains à prendre des mesures plus fermes dans une campagne de pression internationale contre la Corée du Nord. Le Nord a récemment accéléré ses tests de systèmes d’armes à capacité nucléaire et a envoyé des centaines de ballons pour larguer des tonnes de déchets et de fumier sur le Sud alors que les relations entre les Corées divisées par la guerre se détériorent.

Sécuriser la péninsule coréenne pour un meilleur environnement économique

Yoon déclare que la situation sécuritaire de la péninsule coréenne est dans un « état très grave » suite à une série de provocations et d’activités militaires nord-coréennes. Notamment, l’échec du lancement d’un satellite de reconnaissance militaire le mois dernier. Il a exprimé l’espoir de se coordonner avec les pays africains pour renforcer la pression sur Pyongyang.

« Avec nos amis africains, la Corée du Sud mettra pleinement en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU et œuvrera à sauvegarder la paix dans la péninsule coréenne et au sein de la communauté internationale », a déclaré Yoon.

Dans un communiqué publié en mai, le ministère nord-coréen des Affaires étrangères déclare que les relations avec l’Afrique « continueront à se développer invariablement » et qu’il continuera à soutenir la lutte de la région pour « un développement indépendant sous la bannière du non-alignement ainsi que de l’indépendance contre l’impérialisme ».