La Guinée rétablit sa collaboration avec la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Lors de la première édition de son forum sur les investissements, cette organisation régionale conclut un accord de financement pour soutenir des initiatives de développement dans le pays.
Levée des sanctions économiques
La Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO s’est tenue en session extraordinaire le 24 février 2024 à Abuja, au Nigeria. L’une des décisions majeures adoptées lors de cette réunion est la levée des sanctions imposées à plusieurs pays de la région. Selon un communiqué diffusé le 25 février 2024, la CEDEAO décide de mettre fin aux sanctions financières à l’égard de la République de Guinée.
Un an après le changement de régime survenu en septembre 2021, la CEDEAO avait suspendu toute assistance financière et transactions via ses institutions membres en faveur de la Guinée. À la suite de l’accession au pouvoir du colonel Doumbouya, cette organisation avait gelé les avoirs financiers des dirigeants, assortie d’une interdiction de voyager. Cependant, la suspension de la Guinée de toutes les instances décisionnelles de la CEDEAO demeure en place.
Lancement du forum sur les investissements de la CEDEAO
Les pays membres de la CEDEAO sont confrontés à des défis économiques résultant de conflits mondiaux. Pour surmonter ces obstacles, la Banque d’Investissement et de Développement de la CEDEAO (BIDC) lance la première édition de son forum d’investissement (EIF). Organisé en partenariat avec le Togo et India Exim Bank, EIF 2024 se tient les 4 et 5 avril à Lomé.
Ce forum a pour objectif principal de promouvoir les opportunités d’investissement dans les secteurs prioritaires des États membres. Les thématiques soulignent l’importance de l’action collective et l’innovation pour relever les déficits infrastructurels, la pauvreté énergétique ainsi que l’insécurité alimentaire. Dans cette perspective, la BIDC établit trois accords-cadre :
- Convention pour un projet d’infrastructures de santé d’une valeur de 114 millions USD avec le Niger
- Collaboration avec les Grands Trains du Sénégal incluant un montant de 80 millions USD
- Accord de financement de 307 millions USD pour des initiatives multisectorielles destinée à la Guinée
Accords de financement en faveur du développement
Le 7 avril 2024, le ministère du Plan et de la Coopération internationale annonce la conclusion d’un accord-cadre de 307 millions USD entre la Guinée et la Banque d’investissement et de développement du CEDEAO (BIDC). Les signatures conjointes du Ministre guinéen Ismaël Nabi et du président de l’institution, George Agyekum Donkor valident les engagements mutuels. Cette enveloppe est destinée à financer un large éventail de projets socio-économiques dans le pays.
Au cours du EIF 2024, le Ministre guinéen a également échangé avec la représentante de la francophonie en Afrique de l’Ouest et une délégation indienne. Cette dernière comprenait des hauts fonctionnaires du ministère des Affaires étrangères et de la Banque d’Export-Import. Les échanges abordent la relance et le renforcement des initiatives de collaboration avec l’Inde, en particulier :
- Approvisionnement en eau pour le Grand Conakry, évalué à 170 millions USD
- Électrification de 7 universités et de 200 centres de santé, d’une valeur de 20 millions USD
- Construction d’hôpitaux régionaux, estimée à 55 millions USD.
Perspectives futures de la coopération Guinée-CEDEAO
Cet accord-cadre marque un tournant majeur pour le renforcement des liens économiques entre la Guinée et la CEDEAO. Agyekum Donkor affirme que la Guinée était depuis longtemps un partenaire privilégié de l’institution et que le pays continuerait à bénéficier de son soutien. Lors de l’événement, le projet de création d’un fonds pour le développement des secteurs des transports et de l’énergie (Fodete) a été évoqué.
Cette initiative, financée par des prélèvements sur les principales ressources d’exportation de la région, pourra mobiliser jusqu’à 450 millions USD annuellement. Son objectif consiste à pallier le déficit annuel d’infrastructures, évalué à environ 12 milliards USD dans la région. Le Fodete devient ainsi un mécanisme de financement fiable et prometteur pour le développement régional à venir.
La Guinée est considérée comme l’un des pays les plus riches en ressources minières d’Afrique de l’Ouest. En tirant profit de ce potentiel, notamment par le biais de l’exportation, le pays pourrait contribuer de manière significative au Fodete. Avec la levée des sanctions économiques, la Guinée devrait également bénéficier des avantages de ce fonds.