Bien qu’utile au développement, l’agriculture en Afrique connaît un important déficit de financement. Cependant, l’expansion du secteur agricole est fondamentale pour atteindre l’autosuffisance alimentaire et accroître le PIB continental.
Investir dans l’agriculture : Moteur de développement
En Afrique, l’agriculture occupe une place sociale et économique importante, pourtant son potentiel reste largement sous-exploité. Selon le cabinet McKinsey & Company, les petits exploitants agricoles représentent près de 60 % de la démographie de la région subsaharienne. Or, le secteur ne contribue qu’à hauteur de 17,3 % du PIB de cette zone en 2022.
La production agricole en Afrique subsaharienne est en pleine croissance, devenant même la plus forte au monde depuis deux décennies. Paradoxalement, la majorité des denrées alimentaires consommées sur le continent sont importées.
Potentiel agricole et sécurité alimentaire
Dans une analyse récente, McKinsey affirme que l’Afrique pourrait augmenter sa production céréalière de 2 à 3 fois. Cela représente une hausse de 20 % par rapport aux 2,6 milliards de tonnes produites mondialement. Les cultures horticoles et l’élevage disposent également des capacités de production similaires.
Atteindre cet objectif nécessite d’importants investissements, incluant une augmentation de 8 fois des engrais et de 6 fois des semences améliorées. La région subsaharienne nécessite au moins 65 milliards USD d’investissements dans le système d’irrigation et 8 milliards USD pour des installations de stockage de base. Des dépenses supplémentaires dans la chaîne du froid sont par ailleurs à anticiper.
Les gouvernements africains doivent garantir une gestion efficace et promouvoir les échanges commerciaux régionaux. Des améliorations au niveau des politiques, des infrastructures routières et énergétiques sont indispensables. Certains pays doivent effectuer des investissements significatifs, notamment dans les infrastructures portuaires, pour faciliter l’exportation des produits agricoles.
Contexte du déficit de financement agricole privé
Beaucoup d’agriculteurs ne disposent pas des moyens financiers pour acquérir des intrants efficaces et des équipements modernes afin de développer leurs activités. La plupart des exploitants dans la culture vivrière assurent l’autofinancement de leurs plantations, sans disposer d’aucune trésorerie. Le financement direct de l’agriculture demeure ainsi limité en Afrique. Les institutions financières perçoivent ce secteur comme un projet coûteux et très risqué.
Accès limités aux crédits
Les activités agricoles s’exercent principalement dans des milieux ruraux, généralement impliqués dans le secteur informel et ayant une structure composée de multiples micro-entités. La distance géographique entre les agences bancaires et le lieu de culture constitue une contrainte majeure.
Dans les régions rurales, les infrastructures routières sont souvent mal entretenues et représentent un risque accru pour les transports de fond. Or les financements agricoles sont fréquemment des montants élevés, tant pour l’acquisition d’équipement que pour la culture en général.
Par ailleurs, les investisseurs disposant de ressources à long terme ont tendance à cibler exclusivement des activités productives de taille significative. Les banques, quant à elles, préfèrent financer les exportateurs ayant déjà démontré leur rentabilité et ayant accès aux marchés internationaux.
Les agriculteurs des petites exploitations agricoles ont du mal à obtenir des financements. Cela est dû à leur faible niveau d’éducation et au manque de garanties. De plus, les lacunes dans les systèmes judiciaires compliquent encore les choses.
Risques dans le financement des activités agricoles
En Afrique subsaharienne, les institutions financières montrent une réticence à s’engager dans le secteur agricole. Les petits exploitants rencontrent des difficultés d’accès au financement privé principalement en raison de 4 risques majeurs :
- variabilité de la production
- manque de diversification
- impacts des conditions climatiques incluant l’accès à l’eau
- défis liés à la commercialisation.
La période de remboursement pour les prêts agricoles est souvent de moyen à long terme. Cela découle du fait que les cycles de production requièrent un laps de temps conséquent. En outre, les établissements financiers rencontrent des difficultés à rentabiliser les prêts accordés pour de petites sommes. Les coûts de prestation de services sont disproportionnellement élevés par rapport aux rendements sur investissement potentiels.
Les intérêts générés par les petits prêts sont traditionnellement modestes en raison de leur montant limité. Par conséquent, bien que les institutions financières déploient des ressources significatives pour les accorder, les bénéfices tirés des intérêts peuvent être restreints. Dans ces circonstances, la marge bénéficiaire, définie comme la différence entre les revenus et les coûts, peut être très réduite.
Options de financement pour les projets agricoles
Différents modèles de garanties sont envisageables pour dynamiser le financement direct agricole en Afrique. Les fluctuations et l’incertitude inhérentes à la production agricole soulignent la pertinence de promouvoir l’épargne préventive dans les zones rurales. Cette stratégie financière peut à la fois servir de garantie et faciliter l’octroi de prêts aux agriculteurs. Il convient de souligner que cette démarche nécessite une sensibilisation financière afin de développer une culture de l’épargne et d’accroître l’inclusion financière dans les zones reculées.
Stratégies de garantie et de financement
Les actifs matériels tels que des titres de propriété et des équipements peuvent être utilisés comme garantie pour les emprunts des agriculteurs. Toutefois, lorsque les emprunteurs disposent de ressources limitées, des fonds de garantie peuvent être établis par des tiers. À savoir des gouvernements, des institutions financières ou des organisations non gouvernementales.
En phase de commercialisation, les agriculteurs peuvent utiliser des warrants pour obtenir un prêt tout en entreposant leur production. Les récépissés d’entreposage servent de garantie, évitant ainsi la vente immédiate des produits sur le marché. Le micro-leasing, adapté aux petites entreprises et aux particuliers, trouve sa pertinence dans le contexte africain. Ce modèle de location financière concerne des actifs de faible valeur tels que des outils agricoles au lieu de biens de grande valeur comme des équipements industriels.
Alternatives aux crédits directs
Des bailleurs de fonds comme la Banque mondiale ou le Fonds international de développement agricole (FIDA) fournissent des fonds pour soutenir l’agriculture. Certains gouvernements africains mettent en place des programmes de financement pour soutenir les agriculteurs. Ces programmes peuvent offrir des prêts à des taux d’intérêt faibles ou subventionner l’achat d’équipements agricoles. Chaque option présente ses propres avantages et défis, et la meilleure option dépendra des circonstances spécifiques de chaque projet agricole. Il est également possible de combiner plusieurs options pour maximiser les chances de succès.