Le 8 avril 2024, la Banque mondiale a publié son rapport intitulé « Africa’s Pulse », qui met en lumière un rebond de la croissance économique d’Afrique subsaharienne. Ce rapport préconise des mesures visant à relancer une croissance plus soutenue, équitable et inclusive dans la région.
Légère reprise de la croissance économique
Africa’s Pulse est une étude semestrielle concernant les perspectives économiques, publiée lors des assemblées annuelles ou des réunions printanières de la Banque mondiale et du Fonds Monétaire International (FMI). Cette édition prévoit une amélioration continue de la croissance économique en Afrique subsaharienne pour la période 2024-2025.
Après une modeste progression de 2,6 % en 2023, cette reprise devrait s’élever à 3,4 % en 2024 et à 3,8 % l’année suivante. Cette croissance, bien que délicate, est principalement attribuable à l’augmentation de la consommation privée et à la baisse de l’inflation. Ce redressement découle également des mesures d’assainissement budgétaire adoptées par plusieurs pays africains, dont le Ghana, le Kenya et le Nigeria.
Baisse de l’inflation grâce aux anticipations de politiques monétaire
La diminution de l’inflation résulte généralement des resserrements monétaires, à l’instar des initiatives entreprises au Nigéria pour stabiliser la valeur du Naira. D’une part, ces mesures renforcent le pouvoir d’achat des ménages et la stabilité de la monnaie nationale sur les marchés internationaux. D’autre part, ces politiques restreignent les investissements en raison des taux d’intérêt élevés.
L’institution de Bretton Woods prévoit une baisse de l’inflation dans la majorité des économies de la région subsaharienne. Environ 80 % des pays africains devraient connaître une baisse par rapport à 2023, mais l’inflation reste encore plus élevée que les niveaux pré-pandémiques dans 32 des 37 pays. La médiane de l’inflation devrait se situer à 5,1 % en 2024 contre 7,1 % l’année précédente.
Amélioration modérée des soldes budgétaires
Les mesures d’assainissement en cours améliorent les équilibres budgétaires dans plusieurs économies d’Afrique subsaharienne. Le nombre de pays affichant des déficits importants, dépassant 3 % du produit intérieur brut (PIB) a légèrement diminué, passant de 34 en 2022 à 27 en 2024. Le médian dans la région devrait légèrement baisser, passant de 3,8 % du PIB en 2023 à 3,5 % en 2024. Cependant, les déficits restent élevés dans 31 pays, avec une moyenne de 3,8 % du PIB en 2024 contre 4,8 % l’année précédente.
Si en 2023 la dette publique dans la région représentait 61 % du PIB, ce chiffre devrait s’établir à 57 % en 2024. Néanmoins, le risque de surendettement demeure élevé, car de nombreux gouvernements confrontent une dette insoutenable, principalement ceux ayant des problèmes de liquidité extérieure. Les obligations augmentent alors que les États sollicitent des financements et des prêts publics en dehors du Club de Paris.
Persistance de l’inégalité structurelle et de la pauvreté
La Banque mondiale souligne que la lenteur de l’expansion économique en Afrique subsaharienne ne suffit pas à réduire efficacement la pauvreté. La croissance par habitant est faible, passant de 0,1 % en 2023 à 0,9 % en 2024 et 1,3 % en 2025. De nombreuses sociétés et exploitations agricoles rencontrent des difficultés d’accès au crédit et aux marchés des produits. Les entreprises familiales et les travailleurs indépendants sont souvent tributaires de ressources internes ou informelles pour démarrer. De plus, les obstacles sur le marché du travail limitent l’accès à des opportunités productives.
Disparité sociale marquée
Les impôts, transferts et subventions réduisent les inégalités, mais ne parviennent pas toujours à diminuer la pauvreté. Chez les plus démunis, les charges fiscales dépassent généralement leurs profits, augmentant ainsi le taux de pauvreté. Les inégalités dans cette région, telles que mesurées par le coefficient de Gini, demeurent parmi les plus élevées au monde.
Les disparités sociales résultent en grande partie des conditions de naissance d’un enfant. Cela se perpétue tout au long de sa vie, à cause des entraves à son accès aux opportunités ainsi qu’à une fiscalité régressive. Les inégalités prononcées en Afrique subsaharienne sont principalement des raisons structurelles, résultant de disparités à trois phases critiques :
- développement des compétences
- accès aux opportunités économiques
- impact des politiques fiscales et sociales
Ces phases sont étroitement liées et génèrent des effets cumulatifs. Les déséquilibres sur le marché du travail aggravent les inégalités d’éducation puis sont amplifiées par des politiques fiscales injustes. Par la suite, les imperfections du marché et les distorsions institutionnelles limitent la productivité et les gains.
Mesures de relance de la croissance et de réduction de la pauvreté
Pour surmonter l’inégalité de manière plus efficace, il est crucial d’identifier et de remédier aux contraintes structurelles présentes dans l’économie. Africa’s Pulse recommande également le rétablissement de la stabilité macroéconomique et la promotion de la mobilité intergénérationnelle. Le rapport suggère aussi de soutenir l’accès aux marchés et la garantie que les politiques budgétaires n’impactent pas de manière disproportionnée les populations défavorisées.
Prudence budgétaire et resserrement monétaire
Une politique budgétaire seule est insuffisante pour stimuler la croissance économique en Afrique et réduire la pauvreté. Combiner resserrement monétaire et assainissement budgétaire sera indispensable dans les pays confrontés à une inflation élevée. Une prudence budgétaire est particulièrement recommandée pour prévenir une augmentation de l’inflation dans de nombreux pays d’Afrique subsaharienne.
La Banque mondiale préconise une mobilisation accrue des ressources intérieures, notamment pour les pays ayant un accès restreint aux financements extérieurs. Ces ressources devraient ensuite être dirigées vers des dépenses publiques propices au développement économique. La politique visant à construire des actifs et à les utiliser de manière efficace est essentielle pour favoriser une croissance inclusive.