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Secteur laitier : Rwanda vise le leadership

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Secteur laitier : Rwanda vise le leadership

Le secteur laitier rwandais a produit un milliard de litres de lait en 2023, mais il reste loin du leader de l’industrie, le Kenya. Le projet de développement de l’industrie laitière du Rwanda vise à atteindre 53 % des ménages laitiers du pays et à créer 3 400 nouveaux emplois.

Kigali veut rattraper son retard régional

Les autorités de Kigali cherchent à accroître la production laitière du Rwanda pour rivaliser avec le Kenya et la Tanzanie. Grâce au Rwanda Dairy Development Project (RDDP), le pays prévoit de renforcer sa production laitière. En 2023, la production annuelle de lait a dépassé un million de tonnes, soit environ un milliard de litres, marquant une forte progression par rapport aux données de 2020 du ministère rwandais de l’Agriculture et des Ressources animales.

Investir massivement et sur le long terme dans la filière

Pour soutenir cette croissance, le projet de 100,37 millions USD, une vision à long terme qui devrait durer six ans selon le Fonds international de développement agricole (FIDA), sera crucial. Cet investissement important marque la deuxième phase des ambitions de développement du secteur laitier du Rwanda. Entre autres objectifs, le projet vise à renforcer la résilience du secteur laitier du pays face au changement climatique.

Le projet augmentera également les revenus des ménages ruraux, qui sont les principaux éleveurs de bovins laitiers. A terme, cet important projet devrait :

  • Atteindre 80 % des ménages laitiers
  • Augmenter leurs revenus de 30 %
  • Créer plus de 3 400 nouveaux emplois dans le secteur laitier du Rwanda

Sous la direction du FIDA, 53 % des ménages travaillant dans le secteur laitier du Rwanda devraient adopter des technologies et des pratiques écologiquement durables et résilientes au climat.

De plus, 45 % supplémentaires des ménages devraient bénéficier d’une sécurité nutritionnelle améliorée grâce à l’amélioration de la production.

Cette deuxième phase s’appuie sur les succès du premier projet de développement du secteur laitier au Rwanda (RDDP) de 65,1 millions USD, qui aurait eu un impact positif sur le secteur et son groupe cible, les agriculteurs ruraux.

Parvenir à surmonter les défis et obstacles

Selon le FIDA, les défis du secteur laitier rwandais incluent des niveaux de productivité laitière sous-optimaux des vaches, en raison notamment d’un accès limité à de l’eau de qualité et d’un manque d’investissement dans la chaîne de valeur. Pour relever et surmonter ces défis, le Parlement rwandais a approuvé un accord de financement entre le Rwanda et le FIDA, permettant au Rwanda d’accéder à trois prêts totalisant 20 millions USD, représentant le premier lot de financement.

Le ministre rwandais des Finances et de la Planification économique, Uzziel Ndagijimana, commente : « Conscient du fait que la production et l’approvisionnement en lait fluctuent avec des produits relativement abondants pendant la saison des pluies et un approvisionnement limité pendant la saison sèche, ce projet vise à parvenir à une production laitière résiliente face au changement climatique de telle sorte qu’il n’y ait pas de pénurie de lait à cause de la saison sèche ». Avec l’aide du FIDA, le projet contribuera à transformer la chaîne de valeur du secteur laitier en un sous-secteur plus écologique.

Favoriser l’écologie dans la chaîne de valeur laitière

« L’écologisation de la chaîne de valeur laitière et la réduction de ses émissions de gaz à effet de serre nous aideront à approcher ou à atteindre la neutralité carbone, conformément aux engagements nationaux dans le cadre de la contribution déterminée nationale et du Global Methane Pledge », a déclaré le ministre.

Le RDDP-2 sera mis en œuvre sur une période de six ans (2024-2029) et concernera 27 districts, dont 14 districts RDDP initiaux et 13 nouveaux districts pour étendre le processus. Il ciblera 45 % de femmes bénéficiaires et 25 % de jeunes bénéficiaires. Grâce au projet, 164 installations de transformation du lait seront construites et 95 autres centres de collecte de lait seront équipés. Le FIDA prévoit la mise en place d’un « système numérisé de gestion des transactions laitières ».

Production du secteur laitier du Rwanda en hausse

Avec cette deuxième phase, le FIDA contribuera à soutenir 85 000 personnes engagées dans l’entrepreneuriat laitier en leur donnant accès au financement. Le projet prévoit d’introduire, de tester et de diffuser des variétés et des technologies résilientes au climat et de promouvoir les systèmes agroforestiers, y compris la plantation d’arbres fourragers, de légumineuses et d’herbes dans les pâturages et les terres cultivées.

Le FIDA explique qu’il existe de nombreux avantages à en tirer, notamment l’atténuation du changement climatique grâce à la séquestration du carbone dans le sol. L’organisme devra déployer également des technologies de production économes en énergie et de réduction des émissions de GES (gaz à effet de serre), notamment l’adoption de technologies de biogaz et d’énergie solaire, favorisant ainsi le renforcement des capacités en matière de comptabilisation du carbone.

Le FIDA explique en outre que la valeur estimée de 100,37 millions USD, qui sera décaissée sur six ans, sera allouée à trois composantes du projet :

  • Premièrement, une productivité et une résilience accrues des systèmes de production laitière des petits exploitants, représentant 41,3 % du coût total du projet (41,44 millions USD).
  • Ensuite, une augmentation de l’efficacité de la chaîne de valeur laitière, grâce à des investissements accrus, un meilleur accès au marché et une consommation de produits laitiers, représentant 48,2 % (ou 48,41 millions USD).
  • Enfin, un soutien politique et une gestion, un suivi et une évaluation de projets et la gestion des connaissances, représentant 10,52 millions USD (10,5 %).

Implication du Fonds vert et d’autres bailleurs de fonds

Le projet mobilise également le financement du Fonds vert pour le climat régional, qui opère déjà au Rwanda dans le cadre du projet « Pathways to Dairy Net Zero », estimé à couvrir 8,5 millions USD (8,5 %) du projet. Parmi les autres bailleurs de fonds, Equity Bank Rwanda financera environ 10 millions USD (10 %) de prêts aux petits exploitants agricoles et à d’autres entités tout au long de la chaîne de valeur laitière.

Heifer International confirme également une contribution de 6 millions USD en subventions, représentant 6 % du projet. Enfin, la contribution du gouvernement du Rwanda est estimée à 17,64 millions USD, couvrant 17,5 % du coût total du projet.

Le FIDA indique que les bénéficiaires attendus contribueront également au projet à hauteur de 9,52 millions USD supplémentaires (9,5 %). Bien qu’il n’ait pas été précisé comment les bénéficiaires contribueront à ce montant, cela marque une contribution significative de la part des petits agriculteurs du Rwanda.

Le total de ces contributions laisse un déficit de financement de 8,16 millions USD (8,1 %), que le FIDA s’est engagé à combler sur ses propres ressources ou à rechercher d’autres co-financeurs.

Le Rwanda dépasse la production laitière du Kenya et de la Tanzanie

Le Rwanda, reconnu pour ses avancées en développement économique et agricole, aspire à surpasser le Kenya en tant que premier producteur laitier d’Afrique de l’Est. Le secteur laitier kényan, contribuant à hauteur de 4 % au PIB, est un pilier économique essentiel, offrant des moyens de subsistance à plus de 1,5 million de ménages. Avec environ 6,1 millions de vaches laitières, le Kenya produit environ 3,7 millions de kilogrammes de lait par an, grâce à une chaîne de valeur bien établie.

En Tanzanie, la production laitière a augmenté de 3,4 à 3,6 milliards de litres entre 2021-22 et 2022-23, reflétant les efforts du pays pour renforcer son industrie laitière. Cependant, malgré ces progrès, le secteur laitier tanzanien reste en retrait par rapport à celui du Kenya. Ainsi, pour surpasser le Kenya, le Rwanda devra investir de manière significative et stratégique dans son secteur laitier.

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