Le 18 décembre 2023, le directeur général de TotalEnergies, Patrick Pouyanné, rencontre le président du Nigeria, Bola Tinubu, pour signer un accord de coopération avec la Nigerian National Petroleum Company Limited.
Paysage de l’industrie pétrolière nigériane
Le Nigeria, première économie d’Afrique, exploite actuellement 323 champs pétroliers, répartis sur terre et en mer. Ces installations contenant du pétrole brut, des condensats ou du gaz naturel sont reliées à 265 sites de traitement. Une fois stabilisés, le pétrole et le gaz sont exportés via 31 terminaux. Malgré ce potentiel, la production pétrolière nigériane décline depuis des années. Néanmoins, ce secteur montre des signes de redressement grâce à l’expansion de la production offshore. Parallèlement, le gouvernement intensifie ses actions pour renforcer la sécurité et encourager les partenariats de long terme.
En 2021, le Nigeria adopte le Petroleum Industry Bill (PIB) dans le but de stimuler les investissements étrangers dans son secteur pétrolier. Cette législation prévoit des réformes réglementaires, des ajustements de redevances et la définition des impôts applicables.
Depuis mai 2023, le président nigérian entreprend une panoplie de mesures économiques pour encourager les financements dans cette filière. Bola Tinubu promet également de lever les obstacles dans l’industrie pétrolière et gazière, tout en incitant les producteurs à augmenter leur production.
Présence de TotalEnergies au Nigeria
TotalEnergies réaffirme son engagement envers ses intérêts commerciaux au Nigeria en investissant 6 milliards USD dans l’industrie énergétique et pétrolière. La société pétrolière française met un accent particulier sur la production de gaz et offshore. Cette démarche s’inscrit dans la volonté de renforcer la campagne de détection et de mesure du méthane en utilisant la technologie avancée AUSEA de TotalEnergies, une technique qui repose sur l’utilisation de drones sur les sites pétroliers et gaziers nigérians.
La plateforme nigériane revêt une importance capitale pour TotalEnergies, représentant entre 8 % et 10 % de sa production totale de pétrole. La politique de développement local de TotalEnergies repose sur trois piliers majeurs :
- Former et engager des travailleurs locaux.
- Acheter des biens et des services locaux.
- Étendre les infrastructures.
Egina : Projet offshore de Total Energies
TotalEnergies poursuit activement son exploration de nouvelles opportunités, notamment dans la production en eaux profondes et de gaz. Parmi ces initiatives, le projet Egina se démarque comme l’un des plus vastes chantiers pétroliers au monde. Lancée en 2018, cette production de pétrole en offshore très profond est située à 130 km des côtes du Nigeria, à plus de 1 500 m de profondeur et à 200 km au large de Port Harcourt.
TotalEnergies détient une participation de 24 % dans ce projet, en partenariat avec NNPC, CNOOC, Sapetro et Petrobras. La capacité de production prévue de ce champ pétrolier atteint 200 000 barils par jour, ce qui représente 10 % de la production nationale.
Egina illustre parfaitement un modèle de développement local axé sur l’implication significative des ressources nationales. Le projet a largement recours aux compétences locales pour dynamiser l’industrie nigériane et promouvoir les transferts de savoir-faire. En effet, la majorité des intervenants dans la construction de l’infrastructure sont des nigérians. Plus de 77 % des heures de travail sont réalisées sur place, à Port Harcourt ou à Lagos.
TotalEnergies, le NCDMB (Nigerian Content Development Monitoring Board) et les principaux actionnaires de Egina établissent un objectif ambitieux : former plus de 200 étudiants nigérians aux métiers d’ingénieur et de technicien. Cette initiative vise à renforcer leurs compétences et à améliorer les opportunités professionnelles dans les secteurs énergétique et pétrolier locaux.
TotalEnergies face à ses concurrents : Shell et ExxonMobil
La rencontre entre le directeur général de TotalEnergies et le président du Nigeria s’inscrit dans la lignée de discussions similaires avec d’autres grandes compagnies pétrolières telles que Shell, dans le but d’attirer des investissements dans ce pays africain producteur de pétrole. À peine dix jours avant cette réunion avec la compagnie pétrolière française, la présidence nigériane a conclu un accord similaire avec Shell. Le géant pétrolier et gazier britannique présente un portefeuille de projets évalué à 6 milliards USD, pour la production offshore de gaz naturel et de gaz naturel liquéfié (GNL).
Shell : Relance de l’approvisionnement à la raffinerie d’État
Le 8 février, Shell Plc a rétabli l’approvisionnement en pétrole brut depuis son terminal d’exportation de Bonny vers la raffinerie publique de Port Harcourt. Cette infrastructure d’État a démarré ses opérations au premier trimestre 2024. Initialement, cette usine à double unité traitera 60 000 barils de pétrole par jour (bpd), avant de passer à sa pleine capacité de 210 000 bpd plus tard dans l’année. Selon Osita Nnajiofor, directrice du terminal pétrolier de Bonny chez Shell, un total de 475 000 barils de pétrole ont été livrés à Port Harcourt le 18 janvier. « Les futurs approvisionnements du terminal pétrolier et gazier de Bonny seront dictés par la demande pour le produit », a ajouté Nnajiofor.
ExxonMobil toujours dans la course
Malgré la cession d’une partie de ses actifs pétro-gaziers nigérians à Seplat Energy en 2023, ExxonMobil maintient ses investissements dans le pays. La compagnie américaine promet d’augmenter les volumes de production de pétrole de 40 000 barils par jour (bpd). Toutefois, aucun détail sur le plan ou sa date de mise en œuvre n’est confirmé. Ce projet s’inscrit néanmoins dans l’objectif du Nigeria de produire 1,8 million de barils par jour (bpd), comme défini par l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP).