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Campagne sucrière de la Réunion

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Campagne sucrière de la Réunion

La campagne sucrière : le pilier agricole de la Réunion

La Réunion, havre paradisiaque propice à l’évasion touristique, regorge de mille et une richesses naturelles ainsi que culturelles. Occupant ses larges littoraux, la culture de la canne joue un rôle primordial dans l’économie agricole locale. La campagne sucrière réunionnaise associe tradition, festivités et progrès techniques.

La culture de canne, facteur clé de l’économie locale

En 2021, la culture de la canne et ses 3 400 exploitations couvrent 23 000 ha du territoire du département, représentant la majeure partie des terres agricoles exploitables sur l’île. En raison de sa pertinence industrielle, cette considérable production mérite une politique économique axée sur cette activité. Sous son autre nom « culture pivot », la culture de la canne remplit également un rôle social crucial.

Cette activité saisonnière assure des revenus stables malgré les cataclysmes. Elle engendre une main-d’œuvre significative et génère 18 300 emplois liés à la filière, directs ou indirects. En parallèle de la canne à sucre, les coproduits ont un rendement précieux. La culture pivot soutient la production d’alcool (rhum, punch) et de mélasse.

De plus, la bagasse fournit aux deux centrales thermiques de l’île 45 % de la consommation électrique métropolitaine. La culture de la canne à sucre a un impact environnemental positif, protégeant le sol de l’érosion et recyclant le CO₂.

Campagne sucrière menacée

Initiant avec la saison fraîche, la campagne sucrière réunionnaise dure plus de 20 semaines, aboutissant à la grande récolte fin novembre. Toutefois, semblable à 2022, la campagne sucrière 2023 démarre avec un mois de retard, vers le 26 juillet. Les bassins Sud et Ouest ont commencé le 31 juillet, tandis que le Bassin Est et Nord, le 3 août. Cette situation est due aux ajustements nécessaires lors de la transition énergétique des usines Bois Rouge à Saint André et Gol à Saint Louis, passant du charbon à la biomasse.

Ainsi, les prévisions de production sont aussi sombres que l’an passé. Frédéric Vienne, président de la Chambre Verte et agriculteur, craint des impacts négatifs sur les planteurs et leur trésorerie. En 2022, la récolte table seulement  1.3 millions de tonnes de canne à sucre. Le pilier agricole local a subi les assauts des  aléas climatiques, la perte conséquente de 3 000 hectares de plantation et l’inflation du coût de production.

Des mesures préventives pour relancer la culture pivot

Confronté à la menace et au désastre de 2022, Frédéric Vienne a baissé les prix de la production phytosanitaire à l’échelle nationale. Le président de la Chambre de l’Agriculture réunionnaise a également plaidé pour la reconnaissance de la calamité agricole, validée en décembre 2022. Un soulagement pour les planteurs, « ils pourront bénéficier du fonds de secours dont les modalités doivent être précisées par la DAAF, la Direction de l’Alimentation, de l’Agriculture et des Forêts, et un décret », précise Frédéric Vienne.

Face au retard de la campagne sucrière de cette année, l’agriculteur interpelle l’interprofession Canne Sucre pour le déblocage immédiat des reliquats d’aides à la production de 2021. Frédéric Vienne préconise aussi une hausse d’environ 3 EUR par tonne du prix du sucre, afin d’apporter un minimum de répit salvateur aux agriculteurs.

La Chambre Verte du département de La Réunion ravive les questions sensibles concernant le foncier agricole. Notamment, les permis de construire sur les terres agricoles sont abordés lors des commissions départementales pour préserver les espaces naturels agricoles et forestiers.

Tradition en hommage aux ancêtres.

Malgré tout, une lueur d’espoir demeure chez les agriculteurs réunionnais. Cette année, les planteurs de canne du Sud rejoignent le rituel du « baptême des couteaux », cérémonie inter-religieuse bénie par prêtre et tamoul. Après la bénédiction et les discours officiels, des cortèges de tracteurs défilent, menés par une charrette de bœuf.

L’année précédente, ils avaient dérogé à la tradition en raison du démarrage tardif, précipitant la signature de la convention sur la canne. Il est essentiel de maintenir cette tradition pour honorer les ancêtres planteurs, bénir les outils et garantir une récolte abondante.

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