L’Afrique subsaharienne connaît une urbanisation rapide, surpassant tous les autres continents. D’ici 2030, sa population dans les villes devrait atteindre 600 millions, puis 870 millions en 2035. Heureusement, les métropoles africaines adoptent activement la durabilité pour résoudre les défis environnementaux liés à l’urbanisation.
Durabilité et transition urbaine en Afrique
L’imminente transition urbaine en Afrique s’accompagne de nombreux défis. Ceux-ci contraignent les solutions liées aux problèmes socio-économiques et environnementaux de plusieurs nations. La résidence de plusieurs centaines de millions de personnes dans des zones urbaines affecte les ressources et les écosystèmes du continent. L’adoption de pratiques durables et écologiques devient alors essentielle pour les pays africains afin de façonner des villes inclusives, résilientes et respectueuses de l’environnement.
Principaux axes d’une ville durable
En 2011, l’Economist Intelligence Unit établit l’indice Siemens des villes vertes d’Afrique. Cette étude de cas repose sur l’évaluation de la durabilité de 15 villes africaines, examinant leurs efforts selon huit critères environnementaux :
- Utilisation des sols
- Transport
- Gestion de déchets
- Eau
- Assainissement
- Qualité de l’air
- Gouvernance environnementale
- Énergie et le CO2
Les résultats révèlent qu’aucune ville n’a atteint la note maximale, « bien au-dessus de la moyenne ». Cependant, parmi les 15 villes évaluées, 6 ont obtenu une note supérieure à la moyenne, tandis que 5 autres sont dans la juste moyenne. D’une part, cela souligne les efforts de certaines villes et la capacité de l’Afrique à progresser vers la durabilité. D’autre part, cela suggère que même les villes les plus vertes en Afrique pourraient améliorer leurs performances.
L’étude repose sur un échantillon restreint de villes vertes en Afrique, ce qui indique que le nombre total de villes durables sur le continent est relativement faible. La plupart des villes ayant obtenu les meilleures notes se trouvent en Afrique du Sud et en Afrique du Nord. Accra, la capitale du Ghana, étant la seule exception en Afrique subsaharienne.
Classement des 6 villes les plus vertes en Afrique
Arcadis, une société mondiale spécialisée dans le conseil et l’ingénierie de la conception, publie périodiquement un classement des 100 meilleures villes durables au monde. Sa méthodologie prend en compte la durabilité de la ville de manière holistique, allant au-delà de la simple préservation de l’environnement et de l’efficacité énergétique.
L’Indice Arcadis des villes durables intègre 32 critères sociaux, environnementaux et économiques répartis en trois principaux piliers : la qualité de vie, l’environnement et le profit économique. Six villes africaines se distinguent dans le classement pour leurs efforts en biodiversité et innovations technologiques. Toutefois, ces métropoles sont pénalisées par des défis de mobilité, inégalités de revenus et pollution de l’air, les reléguant en bas du classement.
Le Caire : métropole la plus durable d’Afrique
Le Caire se classe 86ᵉ au niveau mondial selon l’indice Arcadis des villes durables en 2022. Considérée la ville la plus verte d’Afrique, cette métropole se distingue par son solide réseau de transports publics. Le Caire affiche une faible consommation énergétique par habitant, seulement 1,6 MWh par an, comparée à la moyenne mondiale de 3,1 MWh. L’énergie hydroélectrique représente environ 20 % de son approvisionnement électrique.
Le Cap et Johannesburg
L’Afrique du Sud compte le plus grand nombre de villes vertes sur le continent. Le Cap se classe en deuxième position en Afrique et au 89ᵉ rang mondial. La ville offre de vastes réserves naturelles, une côte attrayante et un système de transport public efficace. Johannesburg figure aussi dans le classement, occupant la 97ᵉ place mondiale.
Nairobi : la ville verte au soleil
Autrement appelée la capitale mondiale du safari, Nairobi se positionne au 96ᵉ rang mondial de ce classement. Cette ville verte est réputée pour ses efforts en durabilité, avec une transition énergétique notoire et une utilisation de 70 % d’énergie renouvelable. En 2020, Nairobi s’est classée 14ᵉ sur 40 dans la liste des villes vertes de Tourlane. La capitale du Kenya a accueilli le premier Sommet africain du climat, qui s’est déroulé du 4 au 6 septembre 2023.
Lagos et Kinshasa en queue de liste
Lagos, la capitale économique du Nigéria, occupe la 99ᵉ place dans l’indice Arcadis des villes durables 2022. Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo, clôture ce classement. Cette ville se distingue par sa connectivité et son potentiel d’emploi. Bien que figurant à la fin du classement mondial des 100 villes les plus vertes, Kinshasa s’affirme comme un lieu propice aux affaires, aux finances vertes et aux projets de transport.
Bâtir une ville durable : approches pratiques écologiques
La croissance urbaine en Afrique intensifie la demande en infrastructures, énergie et génère plus de déchets. La durabilité émerge comme une solution clé, malgré les défis. S’inspirer des villes les plus vertes du continent peut guider une transition progressive et sûre vers la durabilité.
Économie circulaire : facteurs clés des villes vertes
La durabilité s’articule autour de la transition énergétique, de la réduction des émissions de carbone et de la sécurité hydrique. Pour édifier une métropole durable, il est essentiel de mettre l’accent sur les énergies renouvelables, le recyclage, l’expansion et la préservation des espaces verts. Le reboisement, en plus de séquestrer le carbone, favorise une alimentation durable. Après avoir atteint l’indépendance énergétique verte, l’attention se tourne vers des options de transport public écologiques et des logements durables.
Établissement des politiques écologiques
De nombreuses nations africaines, dont les Seychelles et l’île Maurice, sont tributaires du tourisme, rendant leur économie précaire. La promotion du tourisme responsable est essentielle pour construire des villes vertes et durables en Afrique. Naturellement, la réduction de l’impact négatif sur l’environnement est une priorité du tourisme responsable. Cette politique vise à réduire l’empreinte carbone, évaluer l’impact environnemental et inciter les entreprises touristiques à minimiser la pollution tout en préservant la biodiversité. Au Cap, cette approche porte déjà ses fruits avec le titre de « meilleure destination d’Afrique » remporté pendant deux années consécutives.
Par ailleurs, les municipalités doivent élaborer des plans d’urbanisme avec une planification globale des routes pour améliorer la qualité de l’air. Des normes d’agencement efficace des rues doivent être également établies et prendre en compte les besoins des piétons et des cyclistes. Cette approche intégrera aussi des aménagements mixtes, encourageant l’utilisation des transports non motorisés. Selon les données de 911 villes dans 114 pays en 2020, la part moyenne de l’espace urbain mondial dédiée aux rues et espaces publics ouverts est d’environ 16 %. Cette valeur reste nettement inférieure à la recommandation d’ONU-Habitat, qui préconise 30 % pour les rues et une allocation supplémentaire de 10 % à 15 % pour les espaces publics ouverts.
Rwanda et son projet « Green City Kigali »
Le Rwanda s’engage activement pour la durabilité urbaine, visant à loger 35 % de sa population en villes d’ici 2024. Leader en énergies renouvelables, le pays promeut le solaire, l’hydraulique, le biogaz et la géothermie pour renforcer la sécurité énergétique et réduire l’empreinte carbone. Le pays, passant de 10 % à 60 % d’accès à l’électricité de 2010 à 2020, vise un accès universel d’ici 2024, dont au moins 48 % provenant de sources renouvelables.
Le Rwanda érige la première ville verte du continent, le projet Green City Kigali, sur 600 ha, visant le zéro carbone d’ici 2050. Ce projet devrait bénéficier à environ 150 000 personnes, comprenant 30 000 logements et la création potentielle de 16 000 emplois à terme. La capitale rwandaise propose également des énergies renouvelables, des transports durables, une gestion des déchets, une conservation de l’eau, une protection de la biodiversité et une gouvernance verte.