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L’influence de l’IA : stratégies des startups africaines

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L’influence de l’IA : stratégies des startups africaines

L’IA exacerbe la fracture numérique en Afrique, cependant, les startups locales cherchent à en tirer parti pour prévenir une dépendance numérique.

Comprendre l’expansion de l’IA en Afrique

Plus vaste et complexe qu’un algorithme standard, l’intelligence artificielle (IA) effectue des tâches cognitives à la hauteur du processus de la pensée humaine. Ses capacités s’étendent sur la perception, l’apprentissage, la résolution de problèmes et la prise de décision. Certes, l’IA améliore la productivité et stimule l’innovation. Cependant, elle impacte négativement le marché du travail, entraînant le licenciement d’un grand nombre d’employés, particulièrement dans les économies avancées. En Afrique, l’IA se développe à un rythme moins modéré. Les avantages et les risques socio-économiques qu’elle apporte au continent demeurent un sujet de débat intéressant.

IA en Afrique et le risque de colonialisme numérique

Actuellement, la fracture numérique entre les économies avancées et celles des pays africains est palpable. Il en va de même des révolutions numériques dont l’IA. Ceci étant donné que les grandes entités telles que les États-Unis et la Chine, monopolisent sa conception et son contrôle. Autrement dit, ce duopole engendre un risque de « colonialisme des données ».

Du point de vue des affaires internationales, l’IA bénéficierait de manière disproportionnée à ces pays collecteurs des données, entraînant la perte d’influence et de puissance économique des marchés émergents tels que l’Afrique du Sud et le reste du continent. Et cette crainte augmente avec le débat sur la collecte de données par les « Big Tech » dans le Sud mondial.

Mythe de l’ALGORITHME OPEN SOURCE

Au-delà des usages courants, les applications populaires de l’IA comprennent la reconnaissance de la parole et de l’image, le traitement du langage naturel, ainsi que la publicité ciblée. L’intelligence artificielle peut également effectuer la maintenance prédictive des machines, s’intégrer dans des voitures sans conducteur et être utilisée par des drones. À l’heure actuelle, la puissance de calcul et les algorithmes d’IA sont largement disponibles grâce au « cloud computing ».

En ce qui concerne l’IA, l’élément critique est l’abondance des données. Plus de données conduisent à de meilleurs produits, attirant ainsi davantage d’utilisateurs qui génèrent plus de données pour améliorer le produit. L’échelle des données requises pour développer des applications avancées d’IA est la base de l’impact de la centralisation et de la monopolisation de cet outil.

À l’instar des ressources matérielles, les données numériques peuvent nous être offertes, retirées ou revendues. Cela sous-entend que l’IA est un outil technologique capable de nous exploiter davantage. Bien qu’elle ait été configurée et conçue pour les utilisateurs universels, sa codification s’adresse plus aux langues internationales. En outre, l’usage de l’IA ouvre un risque de l’exploitation potentielle des données africaines sans avantages équitables. Il est alors essentiel d’élaborer des initiatives locales d’IA correspondant aux besoins des pays africains, en prenant en compte de la diversité des langues locales.

Acteurs majeurs de l’IA en Afrique : startup et application

L’intégration de l’IA en Afrique offre de nombreuses opportunités et révolutionne divers domaines. Voici quelques cas concrets de succès d’entreprises intégrant l’intelligence artificielle.

Pays africain qui investit le plus dans l’IA

À Pollicy en Ouganda se concentre sur l’efficacité de la technologie pour aider les femmes africaines. En plus de leurs recherches, ils ont le programme Data Ladies qui enseigne aux femmes des compétences en données. À savoir l’analyse et l’apprentissage automatique, pour les inclure dans le secteur.

Toujours en Ouganda, Sunbird AI, lancé en 2019, s’engage à résoudre les problèmes sociaux en Afrique de l’Est. L’entreprise utilise l’IA pour la traduction dans les langues autochtones, la détection de la pollution sonore, la planification de l’électrification et l’analyse des médias sociaux. Toutes les initiatives de Sunbird AI sont en open source, permettant aux entreprises et aux organismes gouvernementaux d’utiliser leurs algorithmes et résultats. Sunbird AI priorise le « bien social » plutôt que la monétisation, soulignant son engagement envers un impact positif à grande échelle.

En Afrique australe, la startup Lelapa AI se démarque, un laboratoire de recherche sur l’intelligence artificielle. Elle se positionne comme un « laboratoire de produits et de recherche socialement ancrés ». Cette startup a développé une IA pour les langues africaines sous-représentées, facilitant la traduction, la transcription, et l’analyse de texte et d’audio. Les bénéfices du projet soutiendront la construction d’une plate-forme de données ouvertes documentant le retour d’objets patrimoniaux africains.

Intelligence artificielle dans la santé numérique

Laure Beyala, ingénieure Esigelec et fondatrice d’E-santé Expertise, est une experte en santé numérique et a été nommée Young Leader 2021 de la French African Foundation. Auteure de deux ouvrages scientifiques, elle plaide pour l’intégration massive de l’intelligence artificielle dans la santé numérique en Afrique. Cette approche vise à améliorer les soins de manière significative, offrant des réponses efficaces à des maladies difficiles et rares. Beyala souligne l’importance cruciale de cette avancée pour promouvoir des solutions de santé adaptées aux défis spécifiques des pays africains.

Intelligence artificielle dans l’agriculture africaine

En mai 2023, AKADEMIYA 2063, une organisation panafricaine de recherche non lucratif, dévoile la création d’un modèle d’IA révolutionnaire. Cet outil prédit les rendements agricoles de 9 cultures clés à travers l’Afrique. La plateforme Africa Agriculture Watch (AAgWa) offre des prévisions pour 47 pays, couvrant des cultures vitales comme le maïs et le manioc. Elle est destinée aux agriculteurs, aux gouvernements et aux communautés locales. Son usage vise à renforcer la gestion de crises et à faciliter l’application de méthodes d’atténuation. Cela contribue ainsi aux objectifs de développement de l’Agenda 2063 de l’UA et de la Stratégie de transformation numérique de l’Afrique (2020-2030).

Dans cette même catégorie s’affiche l’Université Busitema Artificial Intelligence and Interdisciplinary Research en Ouganda. BUAIIR répond aux défis spécifiques de l’Afrique avec des solutions d’IA adaptées localement. Centrée sur la prédiction des maladies dans les cultures, elle utilise l’IA pour assister les petits exploitants agricoles confrontés aux changements climatiques. En se concentrant sur les besoins agricoles locaux, BUAIIR s’efforce de créer des solutions durables et efficaces, illustrant ainsi l’importance de l’IA pour résoudre des problèmes concrets dans des contextes régionaux spécifiques.

Intelligence artificielle dans le secteur financier en Afrique

L’IA transforme la finance numérique en Afrique en offrant des services innovants, plus rapides et abordables, tout en renforçant la sécurité et la conformité réglementaire. Plusieurs fintech africaines utilisent l’intelligence artificielle pour améliorer leurs services. Voici quelques exemples non exhaustifs :

  • Branch International utilise l’IA pour évaluer le risque de crédit en Afrique.
  • Aella Credit, une autre fintech, utilise également l’IA pour évaluer la solvabilité des emprunteurs.
  • Carbon, une plateforme de prêt, automatise le processus de prêt en temps réel grâce à l’IA.
  • Cowrywise, quant à elle, exploite l’IA pour offrir des services de gestion de patrimoine en ligne.

Défis du développement de l’IA en Afrique

Le nombre d’initiatives d’IA en Afrique augmente, avec 112 applications et organisations recensées dans 9 pays, selon un rapport de l’UNESCO. Malgré cela, les pionniers locaux de l’IA font toujours face à une multitude de défis. Les obstacles en Afrique, tels que la fracture numérique, les coupures d’électricité et d’internet, la pauvreté et la fuite des cerveaux, créent des défis uniques. Cependant, ces limitations peuvent par ailleurs stimuler l’innovation par nécessité. L’UNESCO met en garde contre la résolution rapide de problèmes sans protéger les communautés locales, appelant à une réflexion éthique approfondie.

Défis juridiques et éthiques de l’IA

Pour favoriser la croissance des entreprises locales d’IA, une mise en œuvre efficace des lois antitrust s’impose. Les marchés émergents doivent instaurer des bacs à sable réglementaires, invitant ainsi les startups en IA à explorer leurs données et concevoir des applications novatrices. Les bacs à sable, déjà présents dans plus de 20 pays, sont des cadres appréciés des régulateurs des technologies financières. Leur utilisation peut également s’étendre à d’autres innovations, comme l’a démontré le Rwanda avec ses réglementations avant-gardistes sur la technologie des drones.

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